Le champ des Martyrs, un site chargé d’histoire

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Le Champ des Martyrs est implanté dans les marais de kerzo. Cet espace naturel a été témoin de deux événements majeurs de l’histoire de Bretagne : la Bataille d’Auray en 1364 et l’exécution d’émigrés et chouans suite à l’expédition de Quiberon, en 1795.

 

La bataille d’Auray

La bataille d’Auray est le dernier affrontement de la guerre de Succession de Bretagne, qui débute en 1341 à la mort du duc Jean III. Elle oppose les deux prétendants au duché de Bretagne : Jean de Montfort soutenu par les Anglais, et Charles de Blois (époux de Jeanne de Penthièvre et neveu du roi de France), appuyé par le royaume de France. Le 29 septembre 1364, plus de 5000 hommes aguerris s’affrontent sur les terres qui surplombent le marais. Charles de Blois meurt sur le champ de bataille. Jean de Montfort devient alors Jean IV duc de Bretagne. Il fait bâtir la chapelle Saint-Michel-du-Champ à un kilomètre de ce lieu. Le site d’implantation devient tour à tour collégiale, monastère de Chartreux, école pour enfants sourds et aveugles, lieu de vie des Filles de la Sagesse et établissement hospitalier pour personnes âgées dépendantes.

 

Le débarquement de Quiberon

Le débarquement de Quiberon est la dernière tentative importante de la Contre-Révolution, qui nait de l’insurrection des populations déçues des réformes et des conséquences de la Révolution, entrainant le pays dans une guerre civile. En Bretagne et dans l’Ouest de la France, les populations insurgées s’organisent pour rétablir la monarchie et la liberté religieuse. Ainsi, nait la chouannerie.

Le débarquement de Quiberon est l’expédition organisée d’émigrés royalistes de l’Angleterre vers la Bretagne, avec le soutien financier et logistique des Anglais. Son objectif : rallier la coalition des chouans, réunis dans une armée catholique et royale de Bretagne, et monter à Paris pour renverser la République.

Le 27 juillet 1795, plus de 5000 émigrés débarquent sur les plages de Carnac et Quiberon. À terre, les attendent plus de 12000 chouans dont Georges Cadoudal, chef royaliste de la division d’Auray. Mais, rien ne se passe comme prévu. Le comte de Puisaye et le comte d’Hervilly, aux commandes de l’expédition, s’opposent sur la stratégie. La discorde des commandants, l’impossible amalgame entre émigrés et chouans, et la rapide concentration des républicains, permettent aux troupes républicaines, aux ordres du général Hoche, d’enfermer les royalistes dans la presqu’île de Quiberon. Le cessez-le-feu a lieu le 21 juillet 1795, après une dernière tentative de résistance par Sombreuil, le troisième des principaux chefs de l’expédition. Sur les 6232 émigrés et chouans prisonniers, nombreux sont libérés ou emprisonnés, mais 750 sont condamnés à mort. 206 condamnés sont fusillés ici même et enterrés sommairement sur place, entre le 29 juillet et le 4 septembre 1795.

 

La chapelle expiatoire

Dans ce champ, se dresse la chapelle expiatoire. Elle est l’un des deux monuments dédiés aux victimes du débarquement de Quiberon. Le second est le mausolée situé à la Chartreuse. C’est à la demande de Gabriel Deshayes, prêtre d’Auray, que le 15 mai 1814, les ossements des fusillés inhumés à la va-vite sont transportés à la Chartreuse. La même année, le duc d’Angoulême vient se recueillir devant les restes des victimes. Fils aîné du futur Charles X, il est l’époux de Marie-Thérèse de France, unique enfant survivant de Louis XVI et Marie-Antoinette. Ce serait à la suite d’une cérémonie, lors de sa venue, qu’aurait été décidée la construction d’un monument commémoratif, avec l’autorisation de Louis XVIII. La commission du Monument de Quiberon prend en charge le projet qui aboutira à l’érection des deux édifices.

La chapelle expiatoire est ainsi bâtie sur le lieu de l’exécution, dont le terrain avait été acheté par la duchesse d’Angoulême.

Le 15 octobre 1829, la chapelle expiatoire et le mausolée sont inaugurés en présence d’évêques et de 15000 Bretons. La veille de cette cérémonie, les ossements des fusillés avaient été déposés dans le caveau situé sous le mausolée à la Chartreuse.

La chapelle expiatoire est l’oeuvre de l’architecte Auguste Caristie. Sur la façade, l’inscription latine signifie « Ils tombèrent ici ». Plusieurs monuments, stèles et croix, notamment en pays d’Auray, rappellent ce débarquement et ses conséquences, qui ont marqué les mémoires locales.